Éditions Sorman

Ce théâtre politique, grandiloquent, a pour principal objet d’abandonner le projet du gouvernement de supprimer les départements ruraux. Cette disparition aurait été un drame, tant ces départements et les communes rurales qui les composent charpentent la vie quotidienne des Français qui y habitent. Il aurait fallu remplacer tous les élus bénévoles ou quasi bénévoles par des millions de fonctionnaires d’Etat, sans relation intime avec le territoire. Mais comme aucun gouvernement n’avoue jamais son erreur, on fait semblant d’avancer sur la voie des réformes inutiles. Sylvia Pinel organisera donc des « ateliers territoriaux » où se rencontreront des élus, des fonctionnaires de l’Etat, des associations et autres « acteurs de terrain » qui se connaissent déjà et n’auront pas attendu ces « Assises » pour se parler.
Tout en avançant à reculons, Sylvia Pinel énonce un constat évident qui rend sa démarche particulièrement inutile. Elle observe que la « ruralité » est diverse, selon que l’on se trouve à proximité d’une grande ville ou pas, en montagne ou en plaine. On s’en doutait. Elle envisage donc qu’à l’avenir, les formes de coopération entre collectivités locales seront aussi variées que nos territoires. Bravo. Mais c’est déjà le cas : en raison même de cette variété, les élus locaux savent quelle forme de solidarité il convient d’instaurer. Ces « Assises » seront coûteuses et inutiles : mieux vaudrait annoncer que la diversité communale et le bénévolat des cinq cent mille élus locaux sont un atout pour la France : grâce à eux, le territoire rural et urbain est plutôt bien géré, au moindre coût. Et que l’urgence en France est le chômage, pas la réforme territoriale. Mais ce serait trop simple à dire et tout le monde pourrait comprendre.

Guy SORMAN le 14 octobre 2014 - n°403 de La Lettre du Maire Rural