Les MARPA ne sont pas réservées aux grandes communes Abonnés
La Lettre du Maire : compte tenu de la taille modeste de votre commune, l’accueil des personnes âgée était-elle vraiment une question cruciale ?
Claude Caudal : tout à fait. D’abord parce que le Covid a changé les modes de vie : des gens vivent de manière permanente dans ce qui était leur résidence secondaire ou s’absentent deux jours et passent le reste de la semaine en télétravail. Un signe qui ne trompe pas : il y avait 1 300 électeurs à l’élection municipale de 2020, et 1 600 à l’élection présidentielle de l’an dernier. Ma commune compte plus d’électeurs que d’habitants. Par ailleurs, 50 % de la population a plus de 60 ans. Soit les personnes âgées peuvent rester à leur domicile, soit elles ne sont plus autonomes et doivent entrer dans un EPHAD, mais la situation intermédiaire n’était pas traitée. Elle vise des personnes âgées qui sont encore autonomes mais qui souffrent de solitude et d’insécurité, en particulier lorsque, dans le couple, l’un des deux disparaît. La MARPA est faite pour eux.
La LDM : quel est le montant de l’investissement ? Est-il accessible pour une commune de moins de 2 000 habitants ?
CC : l’investissement est de 2,5 millions d’euros. La commune est propriétaire du terrain qu’elle a mis à disposition d’un bailleur social, par un bail emphytéotique de 50 ans. Le CCAS gère l’établissement et verse une redevance au bailleur. Si l’on fait abstraction de la mise à disposition du terrain, la MARPA a coûté 85 000 euros à la commune, mais 40% ont été pris en charge par une subvention du département. La MARPA est donc un investissement accessible pour une commune de petite taille.
La LDM : la MARPA est-elle ouverte à tous les retraités ?
CC : oui, c’est pour cela que nous avons choisi cette forme d’accueil qui relève de l’économie sociale et solidaire, et que nous n’avons pas donné suite aux sollicitations d’opérateurs privés. Toute personne âgée peut être accueillie dans une MARPA. Celle qui a des revenus modestes pourra bénéficier de l’APL et des diverses aides sociales. J’ajoute que le coût mensuel est raisonnable : 1500 euros si le résident prend toutes les prestations, 1300 euros s’il ne prend pas ses repas dans le restaurant de la MARPA.
La LDM : quelle aide vous a apporté la MSA (mutuelle sociale agricole) ?
CC : essentiellement une expertise et une ingénierie. La MSA a un savoir-faire en ce domaine que nous n’avons pas. Nous avons également fait une visite dans le département voisin, la Vendée, qui compte déjà 23 MARPA.
La LDM : outre l’accueil des personnes âgées, ce qui est essentiel, quelles sont les retombées pour la commune ?
CC : la MARPA a entraîné la création de 8 emplois (affectés aux cuisines et à l’accueil), ce qui n’est pas négligeable pour une commune modeste comme la nôtre. Par ailleurs, les MARPA ont vocation à s’implanter en centre-bourg, ce qui permet de le revitaliser. La charte MARPA recommande également de privilégier les circuits courts. Elle offre donc des débouchés à nos producteurs. Le service de restauration est également utile pour notre cantine scolaire.
La LDM : l’ouverture de la MARPA est donc un succès ?
CC : incontestable. Dans la charte MARPA, l’établissement doit être à taille humaine : 24 logements bientôt portés à 30. Sur les 24 logements, 21 sont déjà loués.
La LDM : autre sujet, en Loire-Atlantique, 900 conseillers municipaux élus en 2020 avaient démissionné. Vous qui êtes dans votre deuxième mandat, avez-vous des explications ?
CC : je ne pense pas que la situation soit spécifique à la Loire-Atlantique. Nous avons déjà rencontré des difficultés à constituer des listes. Dans bon nombre de communes (pas la mienne), il n’y avait qu’une liste. Ensuite, avec le Covid, le mandat n’a vraiment commencé qu’un an après l’élection. Je relèverais aussi la crise des partis traditionnels qui étaient des écoles de formation, et le désengagement de l’associatif, alors que les associations étaient des viviers d’élus potentiels. Les conseillers élus n’ont souvent pas d’expérience du travail collectif. Ils découvrent alors que l’intérêt général ne correspond pas forcément à l’idée qu’ils s’en font et le réveil est douloureux.
Michel Degoffe le 10 mars 2023 - n°496 de La Lettre du Maire Rural
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