Éditions Sorman

Page 2, nous nous entretenions avec Claude Caudal, maire de Préfailles, qui a implanté dans sa commune une MARPA, maison de retraite qui peut accueillir des personnes âgées encore autonomes. Nous présentons maintenant une expérience menée par une association très dynamique du Maine-et-Loire, Habit’âge.
Les élus de La Boissière-sur-Evre (423 habitants) viennent de faire appel à Habit’âge pour rénover un immeuble transformé en quatre appartements qui pourront accueillir des personnes âgées autonomes. Vanessa et Mickaël Couvreux-Chapeau sont à l’origine de cette association. L’idée leur est venue quand ils ont dû rechercher un logement adapté pour leur grand-mère : elle ne pouvait plus rester chez elle parce que souffrant de la solitude, mais ne trouvait aucune solution sur place. Dans ces cas là, il faut souvent rallier les villes. C’est ainsi qu’est né le projet de rénover des immeubles en centre-bourg, pouvant accueillir plusieurs personnes âgées.
La Lettre du Maire : votre projet semble proche de celui des MARPA.
Vanessa Couvreux-Chapeau : il y a, en effet, un point commun : l’objectif est d’accueillir des personnes âgées encore autonomes. Mais cela s’arrête là. Quoique de taille raisonnable, la MARPA peut compter 24 logements. Nos quatre maisons, toutes implantées dans le Maine-et-Loire, ne comportent que quatre logements. Il ne s’agit pas d’un accueil dans un établissement social mais d’un nouveau bail que la personne âgée conclut. Il n’y a pas d’agents employés dans le lieu. L’association propose des appartements type T2 avec un espace partagé. Mais il y a aucune obligation pour les locataires, pas d’obligation, par exemple, de déjeuner ensemble.
La LDM : il y a également un volet urbanistique ? Sur votre site internet, vous indiquez que les quatre projets réalisés jusqu’ici sont en centre-bourg ?
V.C-C : oui le choix de l’emplacement est important. Le lieu d’accueil doit s’insérer dans le milieu (le plus souvent un bourg rural). Le lieu de vie pourra être ouvert pour organiser, par exemple, un café numérique à l’attention des seniors.
La LDM : quel est le coût d’une telle maison et quels sont les financements ?
V.C-C : environ un million d’euros. Nous bénéficions de subventions des collectivités (région, département et commune qui accueille la maison), des caisses de retraite également. Pour le reste, nous démarchons auprès de partenaires privés (fondations, mécénat).
La LDM : ce sont en général les communes qui vous approchent pour créer un immeuble Habit’âge ?
V.C-C : il est difficile, pour l’instant, de dégager une tendance car nous n’avons mené que quatre projets. Mais, par exemple à La Boissière-sur-Evre, ce sont les élus qui ont fait appel à l’association et ont identifié un immeuble proche de la mairie, de l’église et des commerces.
La LDM : vous n’avez pas l’intention d’exporter votre projet en dehors du Maine-et-Loire ?
V.C-C : non, parce que notre projet nécessite une bonne connaissance de l’environnement local ; nous souhaitons que la maison Habit’âge crée des liens avec les élus, les travailleurs sociaux et des bénévoles. En revanche, nous voulons transmettre notre expérience. Nous organisons ainsi cinq fois dans l’année une réunion pour partager notre expérience, soit en visio, soit par une visite sur site. Nous avons, par exemple, accueilli six personnes de Chinon qui voulaient connaître le fonctionnement de notre projet. En revanche, nous ne pensons pas avoir une connaissance suffisante de l’environnement à Chinon pour y implanter nous-mêmes une maison Habit’âge. On propose donc des parcours d’accompagnement aux élus et autres acteurs locaux qui veulent s’inspirer de notre expérience.
La LDM : vous ne proposez (ce qui est déjà beaucoup) que l’aménagement des maisons ?
V.C-C : non, nous avons deux autres missions : d’abord un volet prévention ; il est difficile pour une personne âgée de quitter un domicile qu’elle occupe souvent depuis très longtemps et dans lequel elle a des souvenirs. Pourtant, cela devient souvent inéluctable, notamment après un veuvage. Nous souhaitons donc aider les personnes âgées dans cette situation à trouver la meilleure solution. Par ailleurs, nous voulons aider les élus à bâtir leur politique à l’égard des personnes âgées.
Plus d’informations sur le site de l’association www.habitage-asso.fr. Vous pouvez aussi contacter directement Vanessa Couvreux-Chapeau : contact@habitage-asso.fr.

Michel Degoffe le 10 mars 2023 - n°496 de La Lettre du Maire Rural