Éditions Sorman

Fondée en 1948, la Mutualité sociale agricole (MSA) entretient des liens privilégiés avec le monde rural et ses communes. Elle est présente sur tout le territoire avec 13 760  délégués élus bénévoles. Il n’est pas rare que le délégué soit également conseiller municipal ou maire. Ces dernières années, la baisse considérable du nombre d’agriculteurs a, en grande partie, distendu ce lien. Mais la MSA demeure un acteur important de la santé et plus largement de l’action sociale en milieu rural. Les caisses de MSA « peuvent accompagner toutes actions visant à favoriser la coordination et l'offre de soins en milieu rural. » (art. L. 723-2, code rural). Pascal Cormery, président de la caisse centrale de la MSA et agriculteur en Indre-et-Loire, et Magalie Rascle, directrice déléguée aux politiques sociales, nous éclairent sur l’aide que peut apporter la MSA.

Entretien
La Lettre du Maire : à quelles conditions, les communes font-elles appel à la MSA ?
Magalie Rascle : les relations se nouent de trois façons : soit le délégué bénévole élu, bien intégré dans la vie locale, joue un rôle d’intermédiaire auprès des communes pour les informer des aides que la MSA peut apporter. Soit la MSA fait un diagnostic social territorial qui fait apparaître des besoins (en matière de petite enfance, d’accueil des personnes âgées, etc.). Elle en informe alors les communes concernées. Soit la commune fait appel à la MSA car elle est représentée dans toutes les commissions sociales mises en place par le département.
La LDM : pouvez-vous nous donner des exemples d’actions concrètes ?
Pascal Cormery : dans mon département, la MSA a contribué à créer une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) autour de l’hôpital de Châteaudun. La CPTS vise à faciliter la coordination des soins ambulatoires et à améliorer les conditions d’exercice des professionnels de santé libéraux. Elle organise par exemple la prise en charge de déplacements des personnes âgées vers les lieux de soins par des personnes quasi-bénévoles (la personne âgée acquitte les frais d’essence). Outre le service rendu, le dispositif crée aussi du lien social. La MSA identifie les besoins des professionnels de santé et peut donc être utile quand une commune ou une intercommunalité envisage de lancer un projet de maison de santé.
M.R : la MSA joue également un rôle important dans la création de MARPA (maisons d’accueil et de résidence pour l’autonomie) qui accueillent des personnes âgées encore autonomes. A Savigny-en-Touraine, la MSA a soutenu la création d’une MARPA à laquelle est adossée une école, préservant ainsi un lien intergénérationnel. Si une commune ou une intercommunalité souhaite accueillir un tel projet, elle peut profiter de l’ingénierie de la MSA, qui peut se charger aussi, en partie, de la formation du personnel. Je précise que les MARPA ne sont pas réservées à l’accueil des retraités du monde agricole, mais ouvertes à tous.
P.C : se doter d’une MARPA peut avoir de multiples avantages pour la commune qui pourra proposer une solution locale à des personnes âgées qui ne peuvent plus rester à domicile. Elle permet également le maintien de médecins puisqu’il y a des patients. La MSA a également développé l’action « Bulle d’air » qui vise à offrir un répit à domicile pour les aidants.
La LDM : la MSA concentre-t-elle son aide sur les retraités ?
M.R : pas du tout, elle a un rôle important à jouer également auprès des familles. Là encore, la MSA peut faire un diagnostic de territoire (n’oublions pas que la MSA, guichet unique, est à la fois URSSAF, CAF, CPAM et caisse de retraite, elle a donc une information de première main sur la situation sociale). Ce diagnostic pourra par exemple révéler la nécessité de développer des structures d’accueil des enfants de parents qui travaillent (micro-crèches). Elle peut également proposer ses services dans le soutien à la parentalité, comme la médiation familiale, ou contribuer à développer des structures de loisirs pour les jeunes. L’offre de services de la MSA « Grandir en milieu rural » s’adresse aux enfants et aux jeunes jusqu’à 25 ans. Elle peut même proposer des actions pour faciliter l’entrée des jeunes dans la vie active.
P.C : la MSA a encore nombre d’autres cordes à son arc, elle finance par exemple des actions de dépistage des cancers les plus fréquents (sein, colon). Il suffit que la commune mette à disposition une salle pour ces dépistages.

Michel Degoffe le 10 janvier 2023 - n°494 de La Lettre du Maire Rural