Éditions Sorman

La géothermie permet d’exploiter l’énergie thermique contenue dans le sous-sol où la température augmente avec la profondeur. En fonction de la température de la ressource et du niveau de température attendu, l’exploitant du réseau peut prélever la chaleur directement (c’est ce que l’on appelle la géothermie directe) ou la valoriser en utilisant des pompes à chaleur. En outre, il est nécessaire de distinguer la géothermie de surface qui varie de quelques mètres à 200 m de profondeur (généralement associée à des pompes à chaleur) - solution moins onéreuse - et la géothermie profonde, au-delà de 200 m de profondeur. Selon le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, la mobilité et l'aménagement), « seuls 5 % des réseaux de chaleur sont alimentés, au moins en partie, par de la géothermie (soit une quarantaine de réseaux). Parmi ceux-ci, la quasi-totalité (90 %) sont alimentés à plus de 30 % par cette ressource, dont un tiers le sont à plus de 80 %. Ainsi, malgré la diversification croissante des énergies employées, la chaufferie principale s’appuie encore sur une chaufferie d’appoint, fonctionnant généralement au gaz, afin de répondre aux pointes de con­sommation ».
La commune de Moutier-Malcard (Creuse, 548 habitants) a associé l’isolation de trois bâtiments communaux à la création d’un réseau de chaleur par géothermie. Son initiative démontre qu’une commune rurale peut mener un projet d’envergure tout en bénéficiant de nombreuses subventions. La commune a souhaité installé un réseau de chaleur plus vertueux pour l’environnement pour chauffer la mairie, la salle des fêtes et un petit immeuble. La solution de la géothermie fut retenue avec un objectif de baisse de la facture d’électricité de 60 %. L’Association des Maires Ruraux de France précise que la mairie a d’abord souhaité mieux isoler ses trois bâtiments communaux avant d’installer le réseau de chaleur pour qu’il soit le plus efficace possible. Le SDEC (Syndicat départemental des énergies de la Creuse) s’est chargé de l’ingénierie, des appels d’offres pour le bureau d’études, du choix des entreprises et des dossiers de vérifications, de l’avancement et de facturation des chantiers. Les travaux ont duré un an et se sont élevés à 720 000 € HT, financés à hauteur de 577 000 € (DETR : 400 000 € ; DSIL : 120 000 € ; ADEME : 22 000 € ; SDEC : 35 000 €). Les économies obtenues ont été supérieures aux prévisions avec 65 % de gains de fluides. Le seul obstacle fut la difficulté à mobiliser des financeurs et la lenteur administrative de la préfecture.
Selon le maire de Moutier-Malcard, la géothermie est un système performant mais néanmoins plus coûteux à l’investissement. Il nécessite donc d’avoir une vision à très long terme et, si possible, de desservir d’autres bâtiments communaux, voire les particuliers situés aux abords des puits.

Olivier Mathieu le 11 décembre 2023 - n°504 de La Lettre du Maire Rural