À quelques semaines des municipales, annoncer une réforme des collectivités locales, n’est-ce pas un paradoxe ? François Hollande, en multipliant les projets de regroupements de communes, de départements et de régions, aurait-il oublié son passé d’élu local ?
En mars, 80 % des Français au moins désigneront leurs maires et conseillers municipaux, affirmant une fois encore leur attachement à la commune. Celle-ci est la moins coûteuse et la mieux gérée des institutions républicaines : elle est à la fois, une école de la démocratie, le lieu du bénévolat et le moteur de l’investissement. À l’inverse, tous les regroupements, surtout s’ils sont contraints, n’ont jamais fait que générer des dépenses supplémentaires, ralentir les projets et éloigner le citoyen des preneurs de décision. Le discours de François Hollande obéit à l’esprit de géométrie cher à la technocratie parisienne mais contredit notre histoire et nos pratiques. S’il faut trouver des économies publiques, le Président devrait les chercher du côté des ministères de l’Éducation et de la Défense et, comme il l’a lui-même suggéré, à la Sécurité sociale. Les milliards gaspillés ne le sont pas dans les collectivités locales. Ses annonces sont d’autant plus irréalistes qu’une réforme des compétences des collectivités est déjà en cours devant le Parlement, démontrant d’ailleurs combien il est difficile de tailler dans la chair républicaine à la poursuite d’une rationalité chimérique. La palme de l’absurde revient à la Métropole parisienne qui, dans le projet actuel, serait ingouvernable. « On ne gouverne bien que de loin mais on n’administre que de près », avait déclaré Napoléon III.
Un pari peu risqué : les annonces du Président resteront sans suite parce que les représentants du peuple n’en veulent pas. Rappelons aussi que le 7 avril 2013 les alsaciens ont refusé, par référendum, la fusion de la région Alsace avec les deux départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
Guy SORMAN le 12 février 2014 - n°396 de La Lettre du Maire Rural