L’entretien du cimetière Abonnés
Tester la gestion différenciée
Bien que l’interdiction des produits phytosanitaires dans les espaces verts, théoriquement prévue pour 2020, ne s’applique pas aux cimetières, il est utile de se familiariser avec les techniques d'entretien sans recours aux produits chimiques. Dans les communes qui n'ont pas encore sauté le pas, il importe de ne pas supprimer les désherbants toxiques du jour au lendemain mais de mettre en œuvre un plan de gestion différenciée des végétaux . Un entretien, plus ou moins intensif, sera défini pour chaque type d'espaces. Si les cimetières méritent de conserver le niveau d'attention le plus élevé, c'est l'expérience du traitement effectué dans les autres zones qui permettra à la commune de déterminer les moyens matériels et l'organisation des agents la plus efficace.
Notre conseil : si le cimetière possède déjà une frontière végétale (haie, lisière d'un bois...), tester un entretien sans produit chimique dans cette seule zone afin de familiariser le public avec l'apparition de surfaces ponctuellement enherbées.
Optimiser l'entretien
Pour pallier l'absence de désherbant, il est nécessaire de multiplier les passages des agents qui seront équipés de désherbeurs thermiques (qui brûlent les mauvaises herbes) ou mécaniques (qui les arrachent). Dans les Côtes d'Armor, Laniscat (830 habitants) a conçu son propre outil d'entretien mécanique des allées du cimetière. Grâce à un vieux cadre vélo qu'ils ont tourné à l'envers et dont ils ont conservé la roue avant puis auquel ils ont soudé une lame en inox, les agents ont créé à moindre frais une sorte de « pousse-pousse ». En le faisant rouler dans les allées, la lame glisse sous les gravillons pour faucher les mauvaises herbes. La commune a conçu deux engins de ce type : l'un pourvu d'une lame de 50 cm de largeur, de la dimension des allées, l'autre de 20 cm de largeur, capable de supprimer les mauvaises herbes entre les tombes. A raison d'un passage tous les 15 jours (2 heures pour le cimetière et le terrain de boules), Laniscat maintient son cimetière propre sans aucun produit phytosanitaire.
Créer un cimetière paysager
Sur les modèles des pays anglo-saxons, certaines communes développent des cimetières paysagers, où l'élément végétal cohabite ou remplace le minéral. Ils se composent de surfaces engazonnées, d'empierrements et de massifs dans un aménagement esthétique qui s'apparente à un jardin. Dès lors, la présence d'herbes n'est plus perçue comme une nuisance ou comme le signe d'un défaut d'entretien. Dans le Calvados, Epron (1 596 habitants) possède un tel cimetière de près de deux hectares. Pour que la transition ne soit pas brutale, la commune a aménagé cinq secteurs différents : une zone avec des tombes en relief, une autre où elles sont au même niveau que le sol, une partie où des dalles de 80 cm x 80 cm sont alignées au milieu d'une pelouse, un cimetière du souvenir où est dispersé le contenu des anciennes tombes et enfin une zone destinée au crématorium. La commune entretient son cimetière comme un jardin public avec des tontes, des élagages, sans traitement chimique. En revanche, ce type de cimetière impose une vigilance particulière : ce n'est plus aux mauvaises herbes qu'il faut faire la chasse, mais aux visiteurs indélicats qui plantent toutes sortes de végétaux ou qui déposent des objets (ex-voto, statuettes...) qui portent atteinte à l'harmonie du lieu et aux règles fixées par la commune. C'est pourquoi, il est nécessaire de rappeler ces règles au moment des demandes de concession puis de les faire respecter avec le plus de tact possible. Enfin, attention au choix des végétaux : des pins risquent de disperser leurs aiguilles au dessus des tombes donnant, si elles ne sont ramassées régulièrement, l'impression d'un défaut d'entretien. Un soin particulier devra également être apporté au ramassage des feuilles mortes à partir de l'automne.
Notre conseil : si le cimetière paysager laisse à la commune une liberté complète d'aménagement, il est nécessaire de faciliter le passage du matériel d'entretien ainsi que des engins motorisés des services funéraires qui viennent aménager les concessions.
Jean-Philippe ARROUET le 09 juillet 2014 - n°401 de La Lettre du Maire Rural
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline